La Semeuse Lignée 50c. Bleu (suite)

Sur la bande de garde qui entourait les roulettes de la " Semeuse Lignée " à 50c. bleu, on remarque l'inscription et le rectangle rouge, qui avait pour but d'attirer l'attention sur le contenu, qui était destinait à la lettre simple pour l’étranger.

Un fragment de la bande de Garde

Certaines bandes, peut-être tous, recevaient une emprunte de contrôle, une lettre dans un cercle, lors de la confection des bobines, emprunte que l'on retrouve aussi en haut des mise en train.

Différentes lettres de contrôle que l'on trouve sur les bandes de garde

Les mises en train de bobine sont des bandes de papier collé en début de la roulette, elles entouraient le noyau en carton et permettaient ainsi de dévider toutes la bobine par le distributeur.

Fragment de mise en train avec la lettre de contrôle "B"

Fragment de mise en train avec la lettre de contrôle "Z"

Ces deux mises en train sont normalement constituées de 6 vignettes, mais pour une raison de lisibilité je les ai tronquées à 3 vignettes.

La Semeuse Lignée 50c. Bleu

Une petite mise à jour et complément du "Spécialisé France" "Les Roulettes" de P. Broustine, R. Françon, B. Mignon et J. Storch. Un excellent livre que je conseille à tous les passionnés des timbres-poste français. Tout d'abord la date d'émission : Il nous est signalé que cette roulette a été émise avant le timbre en feuille, qui lui même a été émis le 30 juin 1921. Comme le prouve la lettre suivante du 4 juin 1921, ce timbre-poste a bien circulé avant le 30, la pointure en haut de la vignette permet de classer ce timbres-poste comme étant issu d'une roulette, et l'article qui suit extrait de l’Écho de la Timbrologie n°612 page 604 du 30 juin 1921 permet de confirmer que la roulette a bien été vendu avant le timbre de feuilles.

Une visite à la bibliothèque du musée de la poste, à la recherche d'une information que je n'ai pas trouvé, m'a fait trouver cette article, tout aussi intéressant.


L'article retranscrit :

• Voici une nouveauté inattendue : un 50 c. bleu, au type de la Semeuse sur fond ligné avec soleil, tel qu'il fut créé en 1903 et abandonné en 1906. Ce timbre n'est pas imprimé en feuilles, mais en longues bandes de 600 timbres, lesquels sont enroulés autour d'un trou (comme le fameux canon) et vendus dans une petite boite en carton, fermée par une étiquette gommée. On lit sur celle-ci : « roulette de 600 timbres-poste à 50 c. — 300 francs ». Nous voyons avec plaisir l'administration de nos postes françaises entrer dans la voie du progrès, et nous supposons qu'il s'agit là d'un essai qui s'étendra bientôt à d'autres valeurs. On arrivera certainement à supprimer les dentelures verticales qui ne servent à rien et doivent occasionner une grande complication dans la fabrication de ces timbres. C'est ainsi d'ailleurs qu'on procède déjà en Suède et aux États-Unis.

Cette article nous en apprend beaucoup :

• 1° La composition de la roulette 600 timbres-poste ;
• 2° Le texte de la bande de garde « roulette de 600 timbres-poste à 50 c. — 300 francs »
• 3° Il n'y a pas encore de feuilles.

Il faudra attendre 55 ans pour qu'il n'y est plus de dentelure au moins verticale !

Et enfin le dernier complément : L'écart de galvano, maintes fois citée pour les tirages rotatif ? Mais jamais pour les tirages à plat, alors que c'est bien pour ces tirages qu'il prend toute son importance, les trois galvanos de feuille vente normale n'étant jamais juxtaposé mais séparés par un espace équivalent à la hauteur d'un timbre. Comme ont peut le constater sur la paire de gauche, il y a un écart Est/Ouest de 0.75mm entre les deux vignettes et l'espace interligne est de 1.5mm au lieu de 1.75mm pour les autres lignes.

Précurseur ou pas ?

Il y a quelques jours une lectrice du blog, Mariana T. me posait une question sur « les timbres pour distributeurs », ma première idée se tournait vers les vignettes de type LISA (Libre Impression Service Affranchissement) ce qui n’est pas vraiment mon domaine, mais dans le titre du mail Mariana parlait de « roulette à plat avant 1900 (Sage ?) », alors dans ma réponse bien évidemment je lui disait qu’il y avait une association pour la collection des vignettes autocollantes et que le titre de son message m’intriguait, pouvait-elle m’en dire plus ?

La réponse ne tarda pas et elle me vit parvenir le scanne de deux 15c « Paix et Commerce »

le premier oblitéré de 1886 et l’autre de 1887 et tous les deux depuis Rouen.

Ce que l’on peut constater sur ces deux vignettes :

1_ Ils sont perforés ;
2_ Ils ont leurs bords verticaux coupés.

La perforation n’étant pas complète, mais heureusement la localisation y était, il ne me restait plus qu’à rechercher les firmes de Rouen susceptible de correspondre aussi bien pour la période que pour la ville et il n’y a qu’une dizaine de perforation pouvant répondre à ces deux critères, restait qu’à trouver la bonne.

J’en profite pour vous rappeler que la troisième édition du catalogue de l’ANCOPER vient de sortir, vous trouverez toutes les coordonnées de l’Association des collectionneurs de timbres perforés sur le site de la FFAP (http://www.ffap.net/) à la rubrique GAPS (http://laphilateliefrancaise.fr/Regions/Region.php?No_Region=GAPS)

J’ai donc marqué les points de la perforation pouvant être utilisés et estimé cette perforation

En rouge le marquage des trous existant

suivant les détails donnés dans le catalogue de l’ANCOPER et je suis tombé sur cette perforation

CER90 Comptoir d’Escompte de Rouen suivant le classement de l’ANCOPER

mais encore fallait-il les comparer, j’en ai donc fait un calque que j’ai superposé

En vert le calque

Les quelques points correspondant correctement au calque, je peux en déduire que c’est bien cette firme et cette perforation.

Et les bords coupés, on voit qu’ils sont bien droits mais pas parallèle,

très certainement coupé au rasoir ou au scalpel, si c’était aux ciseaux la coupe serait ondulée, mais pourquoi cette coupe ?

La perforation commence 2.5mm pour le timbre de gauche et à 2.8mm pour celui de droite

Les mesures de la position de la perforation par rapport au bord de gauche des timbres 2.5 et 2.8mm, ce qui est très proche, je suppose que le bord gauche servait de pré positionnement pour cette perforation ? Les timbres devait être perforés un à un suivant une bande verticale pré découpé à l’avance par cette firme.

La date manquante

M. Pierre de Lizeray dans le monde de la philatélie de mars 1978 N°307, nous révélait les dates importantes de la mise en vente des roulettes, or il lui manquait une date, celle du passage du prix de 200Fr à 500Fr, la date du passage à 200Fr étant communiquée dans le numéro 319.

Maintenant c'est chose fait la date manquante est trouvée.

Le texte de l'instruction du 31 décembre 1958 :

• O B J E T : Fixation du prix de vente de ,certaines valeurs fiduciaires postales, des frais de timbrage pour le compte des particuliers et des frais de recherche dans les documents de service.
• Un arrêté du 2 janvier 1959 publié au Journal officiel du 4 janvier 1959, page 277, a fixé, à dater du 6 janvier 1959, le montant des frais de fabrication de certaines valeurs fiduciaires postales, des frais de timbrage pour le compte des particuliers et des frais de recherche dans les documents de service.
• Les principales dispositions de ce texte sont reproduites ci-après; d'autre part, les dispositions comptables à observer sont énumérées au présent document.

1. PRINCIPALES DISPOSITIONS DE L'ARRÊTÉ DU 2 JANVIER 1959

• Art. 1er. — Les roulettes de timbres-poste sont vendues moyennant le payement, en sus de la valeur d'affranchissement des figurines, d'une taxe additionnelle de 500 francs par roulette.

Un petit rappel sur quelles que dates :

• 1908 - Création des roulettes uniquement pour distributeur.
• 1915 - Mise en vente pour les particuliers.
• 1925 - Le prix de vente est majorée de 0.50fr (bobine de 600 ou 1200).
• 1929 - Nouveau conditionnement des bobines 500 et 1000 vignettes.
• 1938 - Majoration du prix de vente il passe à 2fr.
• 1955 - Avec le retour des roulettes la majoration passe à 200fr.
• 1959 - La majoration passe à 500fr.
• 1962 - La numérotation au dos apparait tous les 10 timbres-poste.
• 1974 - C'est la fin de la majoration sur les prix de vente.
• 1985 - La numérotation passe de tous les 10 à toutes les 5 vignettes et les bobines ne sont plus que de 500 timbres.
• 2002 - La numérotation devient noire et est imprimée sur toutes les vignettes.